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Samaïn Fest – interview avec Charles Castrec

Affiche du Samaïn Fest

Le Samaïn Fest est un festival de Métal et de Rock qui a lieu chaque année à La Mézière, commune bretonne située au nord de Rennes. Le but de ce festival est de faire vibrer les fans et récolter des fonds qui seront directement reversés au profit de l’école Diwan, école dispensée en langue bretonne appartenant au réseau du même nom. maPlatine.com a le plaisir d’être partenaire de la 10e édition du festival. À cette occasion, nous avons eu la chance d’interviewer Charles Castrec, l’un des fondateurs de ce festival qui met à l’honneur la musique et la culture celtiques, et représentant de l’école Diwan de Guipel.

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Charles Castrec, je suis un ancien parent d’élève de l’école Diwan de Guipel, qui était auparavant située à La Mézière. Les écoles Diwan sont des écoles associatives, laïques, gratuites, ouvertes à toutes et à tous, et également de statut privé. C’est pourquoi on doit faire des événements pour récolter de l’argent et les faire vivre. Cet argent ne représente qu’une partie des fonds, mais ça en représente tout de même une grande partie.

On a donc mis en place différents événements, des Fest-Noz, des choses comme ça, mais ça nous correspondait moins. C’est pour ça que l’idée de créer un festival de Métal, de Rock’n’roll en lien avec l’école – parce qu’il ne s’appelle pas Samaïn pour rien – a fait son chemin. En fait, chez les Celtes, Samaïn représente le passage de la saison claire à la saison sombre : il s’agit du nouvel an celtique. Et c’est ensuite ce qui est devenu Halloween sous l’ère chrétienne. C’est pour ça qu’on l’a nommé comme ça.

Ça nous intéresse aussi de montrer que les langues régionales minorisées peuvent être utilisées dans les musiques actuelles, et pas que dans la musique d’ailleurs. C’est pour ça qu’on voulait les mettre en avant, et faire ce lien entre l’école, qui défend la langue bretonne, et certains groupes qui sont sur l’affiche et qui vont eux-mêmes chanter en breton, en gallo, peu importe… C’était un peu ça l’idée, faire ce lien, et avoir cette volonté de casser les clichés liés à la langue bretonne.

Charles Castrec, un des fondateurs de ce festival
Charles Castrec, l’un des fondateurs du Samaïn Fest

Vous êtes donc le fondateur de ce festival ?

Alors, j’ai fait partie de l’équipe qui a créé cette école, mais il faut bien comprendre que c’est une démarche associative : c’est une demande sociale qui émane des parents qui se retrouvent à un endroit, quel qu’il soit en Bretagne. Nous avions la volonté de scolariser nos enfants en breton, et donc on a créé cette association pour la monter. Il a fallu trouver un lieu, des financements, des enfants…

Ce n’était pas facile, mais ça reste une belle aventure humaine. L’école a été créée en 2008 et on a monté le festival en 2011, le temps que les choses se mettent en place. C’était le bon moment.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le festival ? La programmation de cette année ?

Le festival se déroule à La Mézière, là où l’école était initialement située.
Côté artistes, c’est essentiellement du Métal et du Rock’n’roll. Sur les deux gros soirs (vendredi et samedi), on a sept groupes par soir.

Mais on a aussi une soirée d’ouverture, le jeudi, qui elle, est acoustique et gratuite. C’est une petite soirée d’ouverture, on met une petite scène de l’autre côté de la salle, ce qui offre un côté plus intimiste. Sur la soirée d’ouverture acoustique, on a trois groupes, Lannog, Dourgan et Brieg Guerveno.

Et autrement, on organise différentes animations tout au long du week-end. On fait des concerts devant les bars de la commune en plein centre bourg le samedi midi, on fait aussi vers 19h chaque soir une petite causerie en breton pour les gens qui le souhaitent, ouverte à toutes et à tous. Enfin, on fait une cérémonie druidique le samedi à 14h, suivie d’une conférence du Grand Druide de Bretagne dont le thème cette année est « Qu’est-ce que c’est qu’être druide en 2022 ? ». Ces druides appartiennent à l’Assemblée Officielle des Druides de Bretagne.

Pouvez-vous nous donner un aperçu des grandes lignes de la programmation cette année ?

Pour commencer, la grosse originalité de cette année est qu’il s’agit de la dixième édition du festival. Pour fêter ça, on a fait venir un groupe qui nous tenait à cœur déjà depuis quelque temps, et qui a à présent un certain statut, 30 ans de carrière. Il s’agit de Primordial. Pour réduire les coûts et proposer quelque chose d’original, on a eu l’idée de les faire jouer deux soirs différents en tête d’affiche, le vendredi et le samedi. Il s’agira donc de deux concerts différents d’une heure et demie chacun, où ils ne joueront pas non plus les mêmes morceaux.

Ce qui est intéressant aussi, c’est de créer une nouveauté. C’est vrai qu’avec le Covid, on se rend compte qu’il faut essayer de proposer quelque chose d’intéressant pour le public qui peut retrouver ce groupe-là sur d’autres festivals. Nous, on a ce petit truc en plus.

Quels sont vos coups de cœur, les artistes que vous avez hâte de voir sur scène ?

On en connaît beaucoup déjà ! Alors j’ai un gros coup de cœur pour Brieg Guerveno, peut-être que vous connaissez d’ailleurs, il a joué aux Transmusicales l’année dernière, ainsi que pendant le Covid, où il y avait eu des séances filmées à l’UBU. Lui il chante en breton, il était dans un univers plus Métal, plus Rock, plus progressif ; et là il est parti dans une direction purement acoustique. Et je trouve qu’il se révèle vraiment comme ça. Dans sa musique, on retrouve un peu le côté acoustique de certains groupes nordiques. Et cela lui correspond parfaitement, c’est super beau. Si vous avez l’occasion de jeter une oreille ! Il va sortir un album live qui a été enregistré aux Transmusicales d’ailleurs. Lui sera la tête d’affiche de la soirée acoustique du jeudi 20 octobre. Il sera en duo avec la violoncelliste Bahia El Bacha.

Autrement on a des originalités. Il y a un groupe qui s’appelle Triskill par exemple, qui fait un mélange de musique de Fest-Noz et de Métal, qui pourrait plus s’apparenter à du Gojira.

Cabaret fantôme aussi, c’est un jeune groupe de Rock, ils ont un côté Rock un petit peu dépressif je trouve. Ils ont joué avec Dool il n’y a pas longtemps au Ferrailleur à Nantes. C’est un groupe qui commence à bien monter.

Dragunov, c’est un duo originaire de Paris qui fait une musique en Rock crust, avec un son un peu plus sale. Autrement il y a toute la scène rennaise, avec Hexecutor, Venefixion, Sépulcre, Anken

Samaïn Fest
Photo du festival – Samaïn Fest

Est-ce que tous les groupes sont locaux ? Est-ce qu’ils chantent tous en breton ?

Non, non, mais beaucoup sont du coin. On a une des têtes d’affiche le samedi qui vient d’Antibes par exemple, Agressor. Et des Anglais qui s’appellent Fen, qui viennent de la région des Fen justement, un coin en Angleterre.

Autrement, on essaie de mettre en avant la scène locale, qui ne chante pas forcément uniquement en breton bien sûr. La majorité va chanter en anglais, mais justement, notre vision des choses est de mettre tous les groupes qui chantent dans des langues différentes au même niveau, sur la même scène et sans différence hiérarchique. En dehors de leur notoriété bien sûr.

Qu’est-ce qui fait la particularité de votre festival ?

La différence c’est aussi que nous, lorsqu’on crée chaque année le festival, on part de quasiment rien financièrement parlant. Car en réalité, tous les bénéfices, si on en a, sont reversés au fonctionnement de l’école Diwan. C’est un comité de soutien, nous sommes là pour l’école, alors l’argent qui est récolté peut servir à payer le loyer, certains salaires, les charges… des choses très concrètes. C’est le but premier.

Donc on a difficilement de l’argent pour faire des avances aux groupes, alors il faut être ingénieux. On essaie de travailler avec une structure de Rennes qui s’appelle Garmonbozia, qui fait beaucoup de concerts de Métal sur Paris, Nantes, Rennes, Lyon, un peu partout en France. Ils sont réputés dans la scène. Et ils font des avances aux groupes, surtout des groupes comme Primordial qui sont assez chers. Ils paient les avances et nous on les rembourse quand on a toutes les rentrées.

Samaïn Fest
Photo du festival – Samaïn Fest

Il n’y a pas eu de festival pendant le Covid, c’est ça ? Sentez-vous un changement de comportement depuis le Covid ?

Oui tout à fait. Là ça fera trois ans que nous n’avions rien fait, on ne dirait pas, mais c’est long, très long ! Pour toute la scène ça a été très dur.

Et ce n’est pas encore fini… En échangeant avec l’association Garmanbozia on voit bien que tout ne se remplit que sur les dernières heures, les derniers jours. Pour les préventes, les gens réfléchissent maintenant, ils attendent de voir comment les choses évoluent. Nous on se pose des questions, on se demande si on arrivera à remplir. Les habitudes ont changé, on le voit bien et ce n’est pas simple.

Pour parler un peu de vous, quels sont vos goûts musicaux ? Avez-vous des vinyles chez vous ?

Oui j’ai quelques vinyles à la maison, mais je ne suis pas un grand collectionneur. Certains sont de mes parents.

Mes goûts musicaux sont très larges. Ils vont de la musique celtique au métal, en passant par le rock’n’roll. J’ai beaucoup apprécié une scène que je ne connaissais pas beaucoup dernièrement, via le festival de Binic, Binic Full Blues. J’ai vraiment bien aimé. On va quasiment à ce festival tous les ans maintenant, parce qu’on y écoute des choses intéressantes.

Mais c’est très vaste, il peut y avoir des choses dans le classique qui vont me plaire aussi. Même dans l’électro, il y a plein de choses très intéressantes. Je pense à Carpenter Brut ou Perturbator des choses comme ça. Alors ce sont aussi des artistes qui sont liés à la scène métal, mais j’aime beaucoup Yann Tiersen par exemple, qui lui va avoir une facette électro plus piano, il touche à pas mal de choses. C’est un univers assez varié. Je ne me pose pas trop la question de savoir de quelle musique c’est, tant que ça me touche. C’est le plus important.

Quel est le type de matériel audio que vous possédez chez vous ?

Eh bien je ne suis pas très équipé, et justement on est en quête, ça peut peut-être vous intéresser ! On a clairement plus envie de faire confiance à des entreprises comme la vôtre, que d’acheter ça dans la grande consommation. On attend d’avoir un peu plus de budget, mais ça nous intéresse de pouvoir nous équiper. Aussi avoir des conseils sur les amplis, car il n’y a pas que la platine ! Aujourd’hui nous c’est via la télé, l’autoradio dans la voiture, le PC au boulot en bossant…

Pour ce qui est de la platine, nous en avions acheté une chez Emmaüs, mais il faut qu’on la fasse réparer. Nous n’avons pas encore eu le temps, mais nous sommes plus dans cette optique-là. On ne sait pas trop dans quel état elle est et on ne s’y connait pas tellement, c’est pour ça qu’on pense peut-être invertir à un moment donné.

La récupération est aussi une facette du festival. On a une déco qui recouvre toute la salle, même les bords de la salle. On fait une déco avec des matières recyclées, récupérées. C’est une ancienne maman de l’école qui a créé une association de recyclage, une recyclerie d’art qui s’appelle le T.R.U.C. (Transformer, Recycler, Unir, Créer). Et donc toute la salle est décorée avec des matériaux de récupération.

Samaïn Fest
Photo du festival – Samaïn Fest

Merci à vous pour cette interview, un dernier mot pour nos lecteurs ?

Déjà, on vous remercie d’avoir accepté d’être partenaire du festival, d’autant qu’on partage des valeurs communes. Je connais bien aussi Valentin, votre technicien, donc je sais que s’il travaille chez maPlatine.com, ce n’est peut-être pas un hasard non plus. Si c’est un partenariat qui peut se poursuivre, c’est tant mieux !

En ce qui concerne le festival, l’important c’est qu’il y ait le maximum de monde ! Les gens peuvent acheter soit à la journée, soit les deux jours. Il y a une billetterie sur place et c’est aussi possible d’acheter en prévente, via le lien sur l’événement Facebook et sur internet, grâce au site WebGazelle. Ils sont d’ailleurs basés à Rennes eux aussi, et leur patron est un parent de l’école Diwan de Rennes. On a envie de développer les entreprises qui sont plutôt dans le local, mettre en avant ces entreprises-là pour pouvoir faire la lumière sur toute la scène locale et les entreprises qui gravitent autour. C’est un peu notre démarche : faire du lien.

Nous remercions chaleureusement Charles Castrec d’avoir accepté de nous accorder cette interview, qui nous a permis d’en savoir plus sur le festival et ses valeurs. Pour rappel, le Samaïn Fest se déroulera du 20 au 22 octobre, à la salle Cassiopée de La Mézière. Vous pouvez retrouver toutes informations et réserver vos préventes sur le site internet du festival, ou sur l’événement Facebook.