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Le blog maPlatine.com

Rega Planar 1 Moonhunter : interview de l’artiste Dehn Sora

Portrait de l'artiste Dehn Sora

Récemment, nous avons collaboré avec l’artiste Dehn Sora pour customiser une platine vinyle Planar 1 de chez Rega, un modèle « Moonhunter » que vous ne retrouverez nulle part ailleurs et unique au monde ! A cette occasion, il a eu la gentillesse de nous en dire plus sur lui et son parcours à travers une interview.

 

 

– Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre parcours ?

Comme beaucoup je pense, j’ai commencé par dessiner dès enfant. Je me sentais bien derrière les amas de feuilles et de crayons. Vers mes 6 ans, j’ai eu le rêve enfantin de devenir réalisateur de cinéma. Je dessinais et écrivais des scénarii, avec l’envie de grandes choses et l’imagination sans contrôle de cet âge-là. J’ai commencé à jouer de façon catastrophique du piano sur un synthétiseur à ce même âge. Je me souviens que toutes ces choses étaient liées, à l’envie de créer. L’aspect technique ne m’intéressait pas vraiment, je souhaitais produire du son, des images. Un état d’esprit qui ne m’a jamais quitté.

Adolescent, la musique prend le pas sur l’image, mais je découvre le graphisme, et décide de m’orienter vers cette discipline, qui à l’époque, me laissait entrevoir que je pourrais rendre un peu plus « réelles » les images que j’avais en tête.

Après le lycée, j’ai fait 2 ans dans une école de design multimédia. Je n’ai pas fini le cursus pour diverses raisons, mais me suis du coup jeté dans ce monde, en continuant mon apprentissage au gré des expériences. J’ai travaillé dans des agences, en freelance.

Je suis actuellement directeur artistique dans une agence spécialisée dans le vidéo mapping. En parallèle, j’ai commencé à réaliser de plus en plus d’artworks pour des groupes. Me permettant de lier toutes ces envies. J’essaie toujours de découvrir des techniques, de nouveaux moyens d’expressions. Je le fait mal mais je me jette toujours dedans. J’essaie.

 

©Dehn Sora - Throane

 

– D’où vous vient cette passion ?

Le fait d’avoir du mal à m’exprimer avec les mots a dû beaucoup jouer au départ. Le visuel m’a toujours permis d’extérioriser plus efficacement pour moi. Le fait de passer des épreuves également. Chaque projet est une épreuve, le processus n’est jamais simple, mais il y a un lien avec la volonté de construire. Je suis rarement satisfait de mes travaux, j’ai toujours envie d’être meilleur techniquement, d’avoir des idées plus importantes, plus fortes. Mais arriver au bout est à chaque fois un sentiment de satisfaction.

Plus jeune, je pense que ce qui a ouvert cette passion pour l’expression en générale, est une forme de recherche de protection. Je ne me sens pas à l’aise avec tant de choses, j’avais envie de pousser le réel autre part et ainsi de me protéger. Il y a peut-être toujours de ça.

 

 

– Quelle est la signification de votre nom Dehn Sora ?

Dans mon projet musical Treha Sektori, j’utilise une langue instinctive, une langue sonore qui me vient de ce manque de possibilité de mettre des mots sur certains ressentis. Mon prénom est Vincent, sa racine est Vincere, « vaincre à la guerre ». Dehn Sora veut donc dire dans ce langage, quelque chose comme « vaincre à une épreuve ». En lien avec ce que je disais plus haut. Je ne me suis jamais senti bon, en confiance. Mais je me suis toujours lancé.

 

©Dehn Sora - Treha

 

– Comment définiriez-vous votre univers graphique ?

J’ai du mal à le décrire, je ne regarde pas réellement en arrière sur ce que je fais. Mais je le trouve souvent en mouvement. A une époque, j’aimais trouver la sobriété dans des images très chargées. J’aime le symbole, j’aime aussi les détourner. Je marche beaucoup au questionnement, à l’obsession.

En ce moment, j’essaie de plus travailler avec mes mains, illustration, sculpture. Il y a donc un changement de forme, lié à mes capacités. Mon univers se reconstruit à chaque fois je pense.

 

 

– Où trouvez-vous votre inspiration ?

Je vis dans une grande ville, avec un rythme de vie intense, mais surtout un grand champ d’observation. Les images qui me viennent en tête ne sont jamais urbaines. Il y a souvent des images animales, cérémoniales aussi. Il y a peut-être donc une réaction face à cet environnement. Je parle beaucoup d’épreuves, mais elles sont pour moi les plus grandes sources d’inspiration. Bonnes ou mauvaises, chaque chose vécue à un impact. Il faut essayer, pour pouvoir raconter.

La source d’inspiration est donc très large, je garde les yeux ouverts tout le temps. Même si je suis souvent dans ce qu’on appelle « la lune », mes yeux restent toujours alertes.

 

 

– Quelle collaboration artistique vous a le plus marqué ?

Chaque collaboration est unique et importante. Je dois avouer être fier d’avoir eu la chance de travailler avec des groupes qui m’ont marqué, forgé. Je pense à Ulver notamment, qui a été une de mes premières collaborations. D’écrire un tout petit peu de leur histoire est une vraie récompense, de la part d’un groupe qui m’a poussé à ne pas me poser de limites dans l’expression.

Avec Amenra également, qui est une collaboration constante, devenue une profonde amitié. Les collaborations qui vous poussent à vous remettre en question, de tenter des choses, de rater souvent, mais de ne pas rester sur un acquis, sont les plus fortes. Beaucoup pourraient être nommées et j’espère que ce n’est que le début.

 

 

– Vous avez donc réalisé le graphisme de notre platine vinyle Rega Planar 1. Qu’est-ce qui vous a inspiré pour cette création ?

Je voulais partir sur le symbole circulaire du vinyle au départ. J’ai essayé plusieurs choses sans être convaincu, ou en étant bloqué par le format. Puis je me suis lancé sur quelque chose de plus instinctif, illustratif.

Platine vinyle Rega Planar 1 Moonhunter, customisée par l'artiste Dehn Sora

Je suis arrivé sur le projet par Debemur Morti, un label dont je suis proche et avec qui je collabore très souvent. Nos histoires sont liées, et j’avais envie d’y inclure des clins d’œil. La forme animale liée à une illustration réalisée pour le label par exemple. Je cherchais un rythme visuel, et mes mains ont beaucoup tremblé devant le côté indélébile du projet ! 😉

 

 

– En tant que musicien, quel est votre style musical de prédilection ?

Toute musique authentique et « jusqu’au boutiste », sans distinction de style. J’aime entendre des artistes qui mettent tant dans leur expression, que l’on ressent la nécessité, l’absence de possibilité de faire autre chose. J’ai grandi avec le black metal, qui a cette volonté de ne pas être un style musical justement, mais une idée d’expression indissociable de la vérité. N’importe quelle expression qui ait donc du sens, qui m’empêcherait de faire autre chose en même temps que l’écoute, tant elle est prenante.

Dans mes récents achats de disques vinyles, il y a Anna Von Hausswolf, Portal, Chaos Echoes, Nils Frahm…

 

 

– Musique, graphisme, photographie, vous avez de nombreuses cordes à votre arc. Comment choisissez-vous vos projets ?

Je travaille sur des projets qui sont de vraies collaborations. J’ai du mal à me dire que je ne peux pas être impliqué à 100% dans un projet. Si je ne peux pas, pour des raisons quotidiennes, ou autres, je préfère ne pas le faire. Avec un groupe par exemple, je ne peux pas me permettre de ne pas me jeter à 100% avec le groupe. C’est trop important pour ne le faire qu’à moitié. Je me lance dans un médium selon le besoin également. Je compose de la musique quand le besoin s’en fait sentir. L’idée détermine le support. Je suis à mon goût un piètre technicien, je n’ai aucune base théorique solide. J’ai cet état d’esprit autodidacte, toujours obsédé par l’envie de toucher à tellement de choses. Mais je sens que je fais beaucoup de choses mal. Je travaille pour m’améliorer tous les jours. Donc certains projets sont de gros challenges pour moi, de faire des choses que je ne sais pas faire, mais j’irai sans hésitation, quitte à beaucoup suer.

©Dehn Sora - CWRDS2K1606

 

– Ecoutez-vous des vinyles ? Si oui, sur quel modèle de platine vinyle ?

Le vinyle est mon support idéal, mêlant idéalement le visuel et le son, le tout de façon assez cérémoniale. On est vraiment face à la musique, impliqué physiquement.

Comme platine vinyle, j’ai une Marantz TT42, et récemment, beaucoup de vinyles achetés à écouter. Pour l’instant je les observe, j’apprécie les artworks. Et je me lancerai dans une véritable écoute de ces albums quand le temps sera venu !

 

– Merci Vincent 🙂