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Le blog maPlatine.com

Interview Ellie James – Festival national du film d’animation

Ellie James et Doggo

L’année dernière, nous avions eu l’opportunité d’interviewer Olli, dans le cadre du Festival national du film d’animation. Pour l’édition 2023, maPlatine.com s’est associé une fois de plus à l’Association Française du Cinéma d’Animation (AFCA), et viendra cette fois-ci récompenser le Coup de cœur du jury étudiant pour un clip en offrant une platine vinyle Pro-Ject E1 au lauréat, dévoilé le mardi 4 avril à 19h à l’Arvor. Cette année, le Festival a reçu plus de 450 œuvres réparties dans différentes catégories.

C’est près de 150 œuvres animées et plus de 30 rencontres qui vous attendent du 1er au 5 avril à Rennes.

Nous avons échangé avec Ellie James, artiste qui performera pour un ciné-concert. Après le franc succès qu’a rencontré son premier spectacle, Lumières !, elle viendra présenter Doggo pour le Festival. Ici, elle nous raconte son parcours, ses inspirations et sa passion pour la musique.

Affiche du ciné-concert Doggo par Ellie James

Est-ce que vous pouvez vous présenter, parler un peu de vous et votre parcours ?

Je m’appelle Ellie James, je suis une musicienne et chanteuse et j’habite à Rennes. Ça fait plusieurs années que c’est mon métier maintenant. J’ai grandi dans une famille de musiciens, donc c’était un peu le parcours tout tracé. Ma mère est chanteuse et mon père est ingénieur son. J’ai grandi au rythme des tournées et des concerts, à écouter beaucoup de musique. Mes deux parents sont anglais aussi. J’ai baigné dans la musique, dans une culture anglo-saxonne, beaucoup des Beatles, des Beach Boys. On a appris à chanter très tôt, en faisant des chœurs dans la voiture, en rentrant de l’école.

Après j’ai eu comme tout le monde, mon premier groupe du lycée, qui était aussi mauvais que n’importe qui je pense ! C’est là que je me suis dit que je pourrais potentiellement en vivre. En revanche, après cela n’a pas été évident. J’ai auparavant fait des études de biologies avant, notamment une licence en génétique, et ensuite je me suis inscrite au conservatoire, en chant lyrique, et en parallèle j’étais aussi surveillante. J’ai un petit peu de formation classique, mais vraiment très peu. Je pense qu’on peut dire aujourd’hui que je ne sais pas lire la musique.

Dans mes premiers groupes, j’ai eu la chance de rencontrer des gens plus âgés que moi, qui avaient déjà un parcours professionnel plus défini, plus avancé. J’ai donc eu mon intermittence assez jeune finalement, vers 23 ans. J’ai joué dans un groupe qui s’appelle Mermonte, Bumpkin Island, je jouai aussi dans un groupe qui s’appelle La Battue, un groupe de pop très sunshine où je jouais également des claviers. Et là, je fête la sortie de mon nouveau spectacle : Doggo. J’ai eu la chance de faire déjà un ciné concert qui s’appelait Lumières !, qui avait déjà été soutenu par l’AFCA il y a six ans. J’ai fait les premières de Doggo la semaine dernière.


Comment définiriez-vous votre univers ? Quelles sont vos inspirations ?

Comme je disais, j’ai été pas mal inspirée par la musique anglaise et la pop anglo-saxonne, des Beatles aux Beach Boys, vraiment ce truc des harmonies vocales, c’est très important pour moi. Sinon j’aime beaucoup l’efficacité de groupes comme Phoenix, où c’est de la pop hyper catchy, le sens de la mélodie des voix est très important. J’adore écrire des chansons qui restent dans la tête des copains pendant des semaines.

J’aime aussi beaucoup la musique répétitive, comme Steve Reich ou Terry Riley, où il y a des patterns qui reviennent, et on retrouve ça un peu dans le spectacle. J’utilise un « boucleur », alors parfois je boucle un pattern de synthétiseur, ou ma voix, qui revient pendant un moment. J’aime bien ce côté un peu transe, où au bout d’un moment on est vraiment imprégné d’une rythmique ou d’une mélodie qui joue en boucle.

J’apprécie également des artistes féminines engagées, comme Björk. J’essaie également de chiner des artistes que je ne connaissais pas, et qui n’ont pas forcément été mises en lumière dans mon éducation.

Dans mes inspirations premières il y a quand même Radiohead, il faut que je le dise sinon je n’arriverai pas à dormir ce soir.
Ellie James en performance pour le ciné-concert Doggo – Yann Buffeteau :

Ellie James en performance pour le ciné-concert Doggo - Yann Buffeteau

Quel est votre processus de création ? Pouvez-vous parler un peu plus des instruments utilisés ?

J’ai appris à jouer de la musique en groupe au début, donc je ne savais pas vraiment écrire une chanson toute seule, de A à Z. Cela me faisait peur. Je pense aussi que l’on ne nous apprend pas assez cela en tant que femme. J’ai mis longtemps à avoir le courage de me lancer. Cela a vraiment été un processus assez long de balbutiement dans ma chambre, devant mon ordinateur, à essayer de recréer des choses que je voyais faire par d’autres artistes en répète, mais seule, sans avoir la pression du regard d’autrui. Je craignais le jugement, mais je ne voulais pas être cette femme qui ne fait que chanter et pianoter quelques notes sur son synthétiseur.

Donc maintenant je suis une grosse geek d’Ableton ! Je fais beaucoup de MAO, musique assistée par ordinateur, et j’adore les synthétiseurs analogiques. Pour ce spectacle là j’ai un Korg Prologue, qui est un synthétiseur analogique assez puissant, où je peux vraiment faire de la synthèse analogique directement sur scène. J’adore me dire que quand je triture les sons, ce n’est pas que dans mon clavier. J’ai aussi un omnichord : c’est une espèce de harpe électronique. Un petit jouet des années 80 fabriqué au japon. Il y a des boites à rythme dedans, que j’utilise beaucoup dans le spectacle. On peut le jouer comme des cordes électroniques, ça fait un son un peu vintage. J’ai aussi un kalimba, qui est un instrument en bois avec des lames, que je boucle un peu de temps en temps dans le spectacle. Et j’ai une pédale d’effets sur ma voix qui s’appelle un harmoniser, qui me permet de faire des voix un peu à la James Blake, et de sampler ma voix en direct, de triturer vraiment au maximum les sons, pour les rendre un peu plus organiques.

Pour le processus, comme c’est un ciné concert, c’est particulier. Ce n’est pas comme quand je ne fais que de la musique pour moi, sous forme de couplet-refrain, là il faut vraiment que cela serve un propos, pour aller avec des images et des émotions qui sont déjà présentes. J’ai commencé par fouiller internet pour trouver des films qui m’inspiraient, que je regardais sans la musique, pour vraiment ne pas me faire influencer. Une fois que les droits de ces films ont été validés pour que je puisse les utiliser, là je commence à écrire la musique, en m’inspirant du rythme imposé par les films, en essayent de trouver des techniques : si le film est de base un peu « intense », ou s’il peut faire peur, je vais essayer de jouer avec ses émotions par la musique, soit en appuyant la peur pour vraiment donner des frissons, ou soit en mettant une musique un tout petit peu plus joyeuse ou nostalgique, pour éviter que les enfants aillent trop dans un moment de peur intense. C’est assez cool à faire. Finalement je ne suis pas toute seule sur scène, c’est un peu comme s’ils étaient mes compagnons de scène.

Ellie James en performance pour le ciné-concert Doggo – Yann Buffeteau :

Ellie James en performance pour le ciné-concert Doggo - Yann Buffeteau

Cela m’emmène vers des choses que je n’aurai peut-être pas faites. Quand je fais de la musique qui me vient naturellement, il y a des cadres un peu pop, ou des structures qui sont imposées par l’industrie. Et ce qui est bien ici, c’est d’en sortir. Là j’ai le droit de ne mettre que des silences, que des bruitages, des notes de synthétiseur qui durent super longtemps, juste pour accompagner les images.

Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus quant à votre venue au Festival ? A quoi doivent s’attendre les spectateurs ? Quel est le public visé ?

C’est un ciné concert jeune public : donc il est adapté aux enfants à partir de 4 ans. Mais j’aime dire qu’il est « tout public ». C’est adapté car le format est assez court, il dure 35/40 min, le son n’est pas trop fort, donc ça ne fait pas mal aux oreilles des enfants, et les films sont adaptés à un visionnage jeune. En revanche, mon but c’est que les parents aiment autant la musique que les enfants, c’est vraiment une vision du spectacle jeune public quelqu’un est en train de jouer le clown. C’est proposer un spectacle qualitatif, adapté à un public plus jeune.

Pour le Festival je vais jouer au ciné-TNB à Rennes, et j’ai hâte parce que c’est quand même un lieu très chouette, c’est le Théâtre National de Bretagne ! C’est toujours différent, je joue d’habitude beaucoup dans des salles de concert, et jouer au cinéma est vraiment cool, car l’écran est énorme, la qualité de l’image est assez folle. Tant qu’on arrive à mettre en place un système de son assez qualitatif, cela fonctionne bien ! J’ai hâte de jouer là, d’autant plus que l’AFCA a soutenu le développement du projet, alors je me sens chanceuse d’avoir des partenaires qui suivent les artistes du coin.
Concernant le contenu en lui-même, il y a quatre courts métrages d’animation, sur le thème des chiens.

Et cette fois-ci, je me suis lancé un petit défi : je voulais qu’il y ait des séquences d’animation sur mesures pour le spectacle. Entre chaque court-métrage, il y a des séquences, de petits films, qui font le lien pour faire comme si c’était un grand film. Ces séquences ont été imaginées et dessinées par une illustratrice, Tiffanie Pichon, avec qui on fait tout le scénario. Elle a fait tous les dessins, toute la scénographie aussi, car il y a des chiens sur scène. C’était très chouette de pouvoir travailler avec elle.

Ellie James, avec les illustrations de Tiffanie Pichon :

Ellie James, avec les illustrations de Tiffanie Pichon

C’est la première fois que vous jouez dans un cinéma ?

Avec Lumières !, mon premier ciné-concert, cela fait six ans qu’on le tourne, et le succès rencontré est assez dingue, je ne m’y attendais pas du tout ! Comme je le disais, c’était la première fois que je faisais de la musique toute seule, et finalement il y a eu presque 300 dates un peu partout en France, je suis allée en Australie aussi, c’est vraiment fou. Donc j’ai eu l’occasion de le jouer dans des endroits vraiment très différents, de la médiathèque au centre culturel, à de très grandes salles et des cinémas aussi. J’ai fait un peu de tout, même de la philharmonie, beaucoup de lieux très variés.

Quel type de matériel audio disposez-vous ? Quelle est votre relation avec le monde de l’analogique ?

J’ai un peu honte de le dire, mais je n’ai pas de platine. Pourtant avec tous mes groupes on sort des vinyles, j’ai un tas de vinyles chez moi, ce sont soit les miens, soit ceux de mes copains qui font de la musique. Même moi, comme j’aime l’objet vinyle, parfois j’en achète.

J’ai plus tout mon attirail de son, qui est aussi mon bureau où j’écris de la musique, et c’est vrai que c’est davantage orienté vers la synthèse, avec par exemple ma carte son, mes enceintes de monitoring… Là où en revanche j’ai un rapport avec l’analogique, qui recoupe un peu, c’est que j’aime les synthétiseurs analogiques, donc mon côté analogique se retrouve davantage de ce côté-là !

Ellie James en performance pour le ciné-concert Doggo – Yann Buffeteau :

Ellie James en performance pour le ciné-concert Doggo - Yann Buffeteau

Merci pour cet échange, un dernier mot pour nos lecteurs ?

C’est un spectacle pour tous les amoureux d’animaux, et de chiens en particulier. J’ai créé ce spectacle à la base car j’ai eu la chance d’adopter un petit coquer anglais pendant le confinement. Il est maintenant l’amour de ma vie. J’ai créé ce spectacle en m’inspirant de notre relation, donc n’hésitez pas à venir découvrir l’univers canin et câlin de Doggo !

Un grand merci à Ellie pour cet échange captivant. Vous pourrez la retrouver sur scène lors de la représentation de Doggo, au Festival le samedi 1er avril, à 16h au TNB (Théâtre National de Bretagne). Et si vous voulez suivre ses aventures, elle est aussi présente sur Facebook et Instagram. Pour rappel, le Festival national du film d’animation se déroule à Rennes du 1er au 5 avril prochain !


Pour la suite, restez attentif, il se pourrait qu’une surprise arrive ! ?

En partenariat avec l’AFCA