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Le blog maPlatine.com

Interview de la marque Benz Micro

Albert Lukaschek

Albert Lukaschek, le PDG de la marque suisse Benz Micro, a eu la gentillesse de répondre à quelques questions. Dans cet interview, il nous parle notamment du parcours de la marque, ainsi que les produits qu’elle propose.

 

– Comment et où a commencé l’aventure Benz Micro ? Et avec quel produit ?

Benz Micro a été créée en 1970 par Ernst Benz. L’aventure de l’entreprise a commencé par la production de pointes de diamants pour les marques comme Ortofon, Philipps, Goldring, etc. Avec l’arrivée du CD au début des années 80, Mr Benz a décidé d’évoluer vers la fabrication de cellules phono.

Avec Benz, nous avons développé une gamme de préamplificateurs phono et avons créé la cellule Benz Micro Ruby en 1991, qui est toujours classée parmi les meilleures aujourd’hui.

En 1994, Ernst Benz prit sa retraite et je l’ai remplacé à la tête de l’entreprise. L’entreprise continue son développement et est aujourd’hui mondialement reconnue pour ses produits de qualité.

 

– Après 30 ans, Benz Micro rencontre toujours un grand succès. Comment l’expliquez-vous ? Qu’est-ce qui vous différencie de la concurrence ?

Les cellules Benz Micro ont un rapport qualité/prix très élevé. Je vérifie chaque cellule que nous fabriquons (Ace, Glider, LPS, etc.). Chaque cellule produite est contrôlée et mesurée individuellement, et écoutée sur casque.

Test par Albert Lukaschek

Toutes pièces ne venant pas de notre production sont exclues. La production est donc limitée par rapport aux autres fabricants. Toute sous-traitance est exclue. La qualité a un prix et la grande qualité nécessite du temps. L’assemblage est manuel et se fait sous microscope. Le fil des bobines a un diamètre de 0,016 mm (1/3 de cheveu humain). La fabrication automatique n’est donc guère possible !

 

– Quels sont vos axes prioritaires de recherche pour la conception d’une cellule ?

Mon but est de concevoir des cellules phono qui sonnent ! D’autres fabricants ont d’autres buts et prétentions.

Je suis attentif au choix du fil des bobines. Le cuivre est pour moi le meilleur choix. L’argent est aussi bon, mais le fil d’argent est très fin et donc difficile à manipuler. Nous en utilisons du moins fin de 20µm. Le timbre dépend aussi de la section et du matériau. Normalement, la finesse de la section apporte du mieux. Depuis des années nous utilisons aussi des fils en or et en platine, ce qui est très délicat à bobiner. Le platine est 10 fois plus résistif que le cuivre, donc plus bruyant.

Je veux également fournir des cellules accessibles. Pour proposer des cellules chères, nous les subventionnons avec des cellules à moindre coût. Les revendeurs demandent des cellules accessibles, mais également des cellules haut de gamme. Nous fabriquons aussi des accessibles cohérentes. Ainsi, les systèmes Ace et Wood sont soumis aux mêmes générateurs. C’est surtout le châssis qui diffère, mais toujours qualitatif ! Par exemple, les cellules LP-S ont une coque en laiton qui est plus lourde. Les cellules sonnaient mieux grâce à leur poids. Le bras vibrait moins jusqu’à environ 13 grammes.

Cellule Benz Micro LP-S

 

– Quels sont vos « best-sellers » ?

C’est difficile à dire. La cellule Benz Micro LP-S est très demandée, mais la cellule ACE possède le meilleur rapport qualité/prix. Les composants de base de cette cellule MC sont les mêmes que ceux des plus onéreuses. Nous produisons deux sortes de cellules : celles sans fer sur un noyau en rubis, alors que les autres utilisent des noyaux en fer qui optimisent le magnétisme, d’où leur rendement. Leur précision est nettement moindre. Par exemple, avec la cellule à Ruby, les détails comme les défauts sont mis en lumière.

Cellule Benz Micro ACE SL

 

– Vous avez repris l’entreprise Benz Micro alors que l’analogique semblait être condamné avec le CD. Aujourd’hui, on parle beaucoup du retour en force de l’analogique. Comment l’entreprise a-t-elle relevé ce défi ?

Nous n’avons jamais connu de problèmes existentiels. Quand le marché dégringole, il y a des entreprises qui ferment. La demande est distribuée sur moins de fournisseurs, qui sont généralement les meilleurs. Le plus important pour nous, comme nous étions la plupart du temps en rupture de stock, est que nous ne pouvions pas répondre à une forte demande.

 

– Y a-t-il dans le domaine de l’analogique de ces dix dernières années des découvertes qui vous ont intéressées ou impressionnées ?

Des diamants, des cellules et des systèmes audio complets, oui ! J’ai surtout constaté des améliorations au niveau de la lecture, pour moins entendre leurs défauts. Dans l’analogique comme dans le digital, il existe de bons développeurs. J’en ai rencontré deux : en digital Otton Braun, et en analogique Erhard Breur pour les bras de lecture. C’est comme pour les tubes et les transistors, avec les deux, on peut réaliser du bon et du mauvais.

 

– Préparez-vous des nouveautés pour 2017 ? Avez-vous songé à construire un système à aimant mobile (Moving Iron) ?

Pour le moment, nous n’avons aucune nouveauté en prévision pour l’année 2017.

En ce qui concerne les cellules Moving Iron, c’est un tout autre marché ! Il y a eu et il y a toujours des grandes cellules MM, la Shure V15 par exemple. Shure cherchait le zéro défaut, il fut une période où Shure fabriquait 30 000 cellules par jour de haute qualité. Ils avaient des moyens que je n’ai pas et ne furent jamais égalés. Les cellules MM ont, avec leurs grandes bobines, une bande passante limitée et sont bruyantes. A l’inverse, une cellule MC a une résistance faible et un diamant stable favorisant la bande passante.