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Interview d’Olivier, rédacteur en chef du Casbah Webzine

Logo Casbah Records

Casbah Média

Le Casbah Média, c’est une entité regroupant un label de disques vinyles, des émissions de radio et un fanzine en ligne.

En 2003, deux passionnés de musiques rock créent une émission hebdomadaire de radio, Rock à la Casbah, sur Radio Méga (Valence, 99.2FM). Sept ans plus tard, l’équipe s’étoffe et donne naissance au label Casbah Records (27 références à ce jour, dont certaines à gagner dans notre calendrier de l’avent). Dans la foulée, un webzine voit le jour. En 2018, nous avions rencontré l’une des responsables. Il est temps aujourd’hui de faire le point sur les évolutions et projets du média Casbah avec Olivier – aka bingO -, rédacteur en chef du Casbah Webzine.

En 2023, cela fera 20 ans que l’émission Rock à la Casbah existe sur les ondes de Radio Méga (située à Valence, dans la Drôme). Quelle est la recette pour concocter une émission hebdomadaire qui évite la routine ?

Notre seul mot d’ordre est de faire découvrir à notre auditoire des musiques et groupes que l’on n’entend en général pas sur d’autres ondes, de mettre en avant des labels émergents et indépendants, sans être contraints par des logiques marchandes ou des pressions commerciales. Ainsi, chaque semaine, à Radio Méga, les cinq membres de l’émission viennent avec une sélection de nouveautés à diffuser. En amont, nous choisissons un coup de cœur qui, en règle générale, plaît à la plupart d’entre nous. Ce disque vedette sera alors mis en avant par le biais de quatre chansons et constituera la colonne vertébrale de l’émission. Souvent, il s’agit d’une exclusivité, que le label nous autorise à la diffusion avant la sortie officielle du disque. Ensuite nous établissons la liste définitive, à raison de deux titres par personne. Là aussi nous privilégions la nouveauté et l’exclusivité.

Partagez-vous les mêmes goûts musicaux dans votre équipe ?

Nous ne sommes parfois pas d’accord sur les choix des autres… et heureusement d’ailleurs ! Lors de notre réunion préparatoire, ça bataille, la mauvaise foi est parfois convoquée, mais c’est ce qui fait tout le sel de notre émission. Et quand les micros s’allument, la tonalité générale et l’expression sont totalement libres. Chacune et chacun a ses marottes. Jordane est une férue de psychédélisme et de rock énervé (autant dire qu’elle a plongé à fond dans le revival post punk britannique de ces dernières années ! ), la rubrique de Bruno Dangerhouse met souvent en avant des groupes bercés à la high energy, Julien aime le blues punk garage et Raphaël n’hésite pas à nous emmener vers des horizons plus atmosphériques, orientaux, sensuels. En ce qui me concerne, dans une rubrique inaugurée en 2015, en esthète underground, j’essaie d’apporter encore plus d’érudition (notamment sur le rock français souterrain des années 80) et de re-contextualiser les disques actuels dans la grande histoire de la musique moderne. Que de passerelles entre les 60’s et nos années 2020 ! Malgré le nom de l’émission, dans cette heure hebdomadaire, nous ne nous interdisons rien : country-folk crépusculaire, pop orchestrale ou kraut tellurique ont, par exemple, également leur place. Liberté de ton, indépendance, éclectisme et plaisir guident donc nos choix de nouveautés.

Et cela semble d’ailleurs plaire au public, puisque Rock à la Casbah est rediffusée sur d’autres radios.

En effet, environ 80 radios associatives (dont des radios en Corse et en Guyane ou celles du réseau Ferarock) proposent notre émission dans leur grille de programmes, en France comme à l’étranger (Canada, Belgique, Suisse). Les nouveautés à diffuser ne manquant pas, nous proposons aussi des émissions satellites (Le Son Du Pick Up – qui permet de découvrir un album plus en longueur -, ainsi que Dead Moon Night qui aborde un thème précis de façon très atmosphérique) à écouter et podcaster directement sur notre site web. Mixtapes et Cartes blanches/Wild cards complètent notre offre radiophonique en ligne : pour notre plus grand plaisir des artistes nous font l’honneur de mettre en avant des titres spécialement sélectionnés pour la Casbah.

Depuis 2020, vous êtes désormais le nouveau rédacteur en chef du Casbah Webzine. Qu’avez-vous apporté au pendant textuel de votre émission phare ?

Avant tout, je tiens à saluer et à féliciter Laetitia qui a occupé ce poste pendant de nombreuses années. À cette époque, je livrais régulièrement des papiers pour le webzine qu’elle dirigeait de main de maître. Chroniques, interviews et live reports constituant toujours le matériau principal du webzine, je m’inscris alors dans la continuité de son travail. J’ai toutefois apporté ma patte personnelle sur différents plans, notamment en ajoutant de nouvelles rubriques dans le menu et une possibilité d’aller au-delà des frontières de la chronique rock classique. Ainsi, dans une rubrique intitulée Hors cadre, certains papiers mêlent, par exemple, rock et sport, d’autres ont un angle littéraire très prononcé. On trouve même des recettes de cuisine dont les temps de cuisson sont basés sur la durée de chansons choisies.

On remarque aussi de nombreux changements formels et esthétiques.

Oui, les écrits ont une mise en page plus aérée, plus harmonieuse, illustrations et photographies sont plus nombreuses (et, pour la plupart, réalisées par les membres de l’équipe) et les interviews d’artistes anglo-saxons sont disponibles en versions bilingues (VF et VO). Afin que nos articles s’inscrivent dans une dimension collective et de partage, j’ai aussi souhaité insérer de nombreux liens hypertextuels au sein même des écrits. De plus, notre mémoire interne étant une richesse, il convenait alors de développer la notion d’archives. Qu’elles soient écrites ou sonores, celles-ci sont valorisées dans nos papiers actuels, notamment dans prolongement mettant en perspective présent et passé. Ayant commencé le fanzinat à la glorieuse époque du rock alternatif, j’ai ainsi numérisé et mis en ligne des archives personnelles pour illustrer des interviews de musiciens du rock underground français des années 80 (BATMEN, Les SHERIFF, SOUCOUPES VIOLENTES, WASHINGTON DEAD CATS, NOODLES/DIRTY HANDS notamment).

Comment gère-t-on l’équipe des contributeurs du Casbah Webzine ?

Entièrement bénévole, celle-ci est solide, stable et passionnée. Comme pour notre émission radiophonique, nos contributeurs ne sortent en aucun cas du même moule et sont libres de mettre en avant ce qu’ils souhaitent, en toute indépendance, sans aucune pression, seulement guidés par le plaisir de la transmission. Après quelques recrutements, nous comptons actuellement dans nos rangs des correspondants permanents à l’étranger (notamment à Melbourne et Genève), une écrivaine de renom, un spécialiste de l’indie rock des 90’s, de talentueux illustrateurs, un esthète désireux de nous faire partager les trésors cachés de sa discothèque, un parisien écumant les concerts, un digger du Bandcamp et beaucoup d’électrons libres, insaisissables, inclassables… parfois incontrôlables. Afin de fédérer les membres, chaque saison donne lieu à une playlist où chacun sélectionne quelques titres à partager avec le lectorat.

Depuis quelques années, artistes, labels et médias ne peuvent occulter la concurrence des réseaux sociaux numériques. Comment abordez vous cette question dans le Casbah Média ?

En 2020, Vico a été promu community manager de notre entité globale. En regard de notre actualité (radiophonique et fanzinesque), il gère au quotidien les posts à écrire, à diffuser et relayer sur les réseaux sociaux numériques. Pour rayonner, nous ne pouvons malheureusement pas nous passer d’eux. Instagram (@casbah_rcds_rock_a_la_casbah) est le plus utilisé car privilégié par la majeure partie des groupes que nous diffusons. Nous nous réjouissons de la proximité créée par nos pages Facebook (@rockalacasbah et @RecordsCasbah) et le rayonnement international de notre compte Twitter (@rockalacasbah). Au total, sur ces trois réseaux, c’est une communauté de plus de 10 000 abonnés que Vico anime chaque jour avec passion et humour !

Lors de notre rencontre de 2018, l’équipe Casbah avait fait part de sa préférence pour le support vinyl, est-ce toujours le cas ?

Oui, selon nous, le vinyle est ce qui se fait de mieux, tant sur la qualité sonore (Jordane et moi faisons souvent des DJ sets dans des salles de concerts et, croyez-moi, ça n’a rien à voir avec un mix en clef USB ! ) que dans l’approche esthétique et formelle (pochette, lisibilité). Toutefois, à titre personnel, je suis de plus en plus outré par le prix des disques vinyles… en constante augmentation ! Qui, à l’heure actuelle peut se permettre d’en acheter ? Le prix des matières premières flambe, on le sait. En répercutant les hausses sur le suivant, chaque intermédiaire se sucre au passage et, au final, le potentiel acheteur se demande s’il va débourser 30€ pour s’offrir une galette. Des choix s’imposent et cela a des répercussions sur la rémunération des artistes, sur les labels indépendants et sur le portefeuille du quidam fan de musique électrique.

Toujours dans cette rencontre de 2018, il avait aussi été question du matériel permettant l’écoute des disques…

En effet. Dans l’équipe, le plus au courant de la technologie est Raphaël. Une vraie mine de savoirs ! Je sais qu’il fréquente assidûment votre site web. Avec ma vieille Technics SL-1350 de 1973, un ampli CR 50 et ses enceintes Dual de 1980, il serait peut-être temps que je fasse comme lui.

Un grand merci à Oliver pour cet échange enrichissant sur la Webzine de Casbah Records.