Une année bien remplie touche à sa fin. Voici notre sélection pour passer des fêtes de fin d’année en musique !
– Jérôme
Godspeed You! Black Emperor – Allelujah! Don’t Bend Ascend! (Constellation 2012)
Quel plaisir de retrouver ce grand groupe canadien avec un nouvel album après 10 ans d’attente. Godspeed You! a donné ses lettres de noblesse à un genre tout aussi fourre-tout que le Math Rock dont j’ai parlé le mois dernier : le Post Rock. Peut-être vous souvenez vous de l’introduction du film « 28 jours après », avec la découverte de l’apocalypse qui s’est abattue sur la terre par le héros, et cette bande sonore qui n’est qu’une lente montée de plusieurs minutes pour arriver à un climax durant lequel nous assistons à un déchainement musical. Et bien, la musique est signée par ce groupe et est une parfaite illustration du sentiment qui me prend à l’écoute de leur musique. L’album est composé de 2 titres longs (20 minutes) qui représentent 2 morceaux connus des personnes les ayant vus sur scène car ils ont l’habitude de les jouer depuis longtemps en live, et de 2 titres « courts » (moins de 7 minutes) qui vont flirter vers le drone. Pour ma part ce sont ces 2 titres longs qui sont les plus intéressants. Très impliqués politiquement, ils se sont investis lors du Printemps Érable suite aux grèves étudiantes de 2012 au Québec. D’ailleurs à la fin du titre Mladic on entend les concerts de casseroles qui ont ponctué les manifestations. Un groupe majeur à écouter d’urgence !
Motorama – Calendar (Talitres 2012)
Motorama est un groupe russe qui se prend le luxe de faire un pied de nez aux grandes formations de Post Punk anglaises. Avec un héritage assumé de Joy Division (la voie du chanteur ne permet aucun doute) ils arrivent à produire une musique dansante et enjouée. Tous les titres sont excellents et s’enchainent en douceur. Beaucoup y trouveront quelque chose à dire mais pour ma part ces querelles de clocher ne m’intéressent guère et je trouve qu’ils ont réussi un sacré tour de force avec cet album. À écouter sans modération pour adoucir les rudes soirées d’hiver qui s’annoncent !! Bonne écoute.
Rachmaninov – Piano Concerto No.3 – Vladimir Ashkenazy / André Previn – (Decca Sxl 6555)
Encore une référence cinématographique, j’ai découvert ce concerto en regardant le superbe film « Shine » racontant la vie de David Helfgoot, grand pianiste Australien. Ce concerto n°3 est connu pour être parmi les plus durs à interpréter et demande au pianiste une virtuosité et une maîtrise parfaite de son instrument. Mais le génie de Rachmaninov est qu’à aucun moment cette débauche de maîtrise n’alourdit la musique qui au contraire est d’une grande intelligibilité et accessibilité. J’aime particulièrement cette interprétation qui colle parfaitement à l’idée que je me fais de cette pièce. Un grand moment de musique.
– Franck
SWANS – The SEER (Young God Production)
Je dois bien avouer que j’ai hésité à mettre ce disque dans cette chronique ! Je pense que tout le monde ne comprendra pas l’œuvre de Swans, mais qu’importe… J’ai découvert ce groupe en concert en octobre 1987 (ça ne nous rajeunit pas !) et leur prestation m’a marqué au fer rouge, me laissant des cicatrices à vie … Dans tous les cas, ceux qui se risqueront à se procurer « The Seer » en auront pour leur argent ! Ce triple album vinyle vous propose 2 heures d’avalanche de décibels (précisément 1h 59mn et 30 secondes !) qui finiront par anéantir les sceptiques et fasciner les conquis dont je fais partie. Le leader Michael Gira annonce qu’il lui a fallu 30 ans pour accoucher de cet album (le deuxième du groupe)… et peut-être, vous en faudra-t-il autant pour le digérer … Je vous recommande de jeter une oreille (pas sûr qu’elle vous revienne !) sur les titres « Lunacy » et « Avatar ». Un must du post industriel… et aux dires du charismatique leader de Swans, ce ne sera pas le dernier ! Et c’est tant mieux !!!!
PETE ROSS & THE SAPPHIRE – Rollin on down the lane (Beast rcd130)
Le premier morceau de cet opus marque tout de suite les fondations de cet album qui, pour mon plus grand plaisir, prennent plus racine chez les « Bad Seeds » que dans le folklore italien. Il est vrai que si Pete et Susy sont basés à Milan, ils sont respectivement d’origine Australienne et Néo Zélandaise. De plus, cet album a été produit par l’un des « Crocodile Dundee » français : Monsieur Demi Dero. Donc rien d’étonnant à ce que l’on retrouve cette galette chez Beast Records ! J’avais été déjà conquis par le précédent Opus «Midnight show» et attendais avec impatience ce « Rollin on down the lane ». Et bien je ne suis pas déçu, on retrouve le charisme de Sir Ross et sa voix assez particulière qui quelques fois me rappelle Scott Walker. Les guitares claires et affutées, la rythmique précise et minimaliste et la voix de Susy sapphire, contribuent à créer des ambiances qui soulignent et illustrent à merveille les histoires narrées par le duo. Je vous recommande l’envoûtant « pleased to meet you » et le « Devil Inside ». À noter une superbe reprise de Tom Waits « Jesus gonna be here » et une géniale réinterprétation du « Rake » de Townes Van Zandt. La production est parfaite et la presse vinyle de belle qualité ! Un disque que je vais ranger pas très loin du « murder ballade » … faites-en de même !
ROSIE FLORES – Working girl’s guitar (Bloodshoot Rcds)
Rosie est née en 1950 au Texas à San Antonio, mais elle réside depuis plusieurs années à Austin. Cette belle ville texane a déclaré en 2006 que le 31 août serait la journée Rosie Flores ! Cela vous donne une idée de sa popularité dans les états du Sud. Sa voix n’est pas sans rappeler de nombreuses artistes Rock Country, mais avec plus d’originalité et de jeunesse (et oui à plus de 62 ans !). Il ne faut pas oublier que notre Rosie est une virtuose à la guitare, on peut même la considérer comme une référence. Certains morceaux sont très Rock, d’autres flirtent presque avec la Pop, certains naviguent dans le Western Swing, la musique Tex Mex… et bien sûr le Blues. L’enregistrement est superbe et la presse vinyle parfaite, un régal pour nos « tables tournantes » ! Je vous recommande de vous faire une idée sur cet album en écoutant la magnifique reprise des Beatles « While My Guitar Gently Weeps »… et vous laissez emporter par le magnifique chorus de guitare… Rosie nous l’a fait pleurer à souhait !