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Le blog maPlatine.com

Interview de l’artiste Lucas Paris, programmé lors du Festival Maintenant 2019

Dans quelques jours, ce vendredi 04 Octobre, débute le Festival Maintenant situé à Rennes ! A cette occasion, nous vous proposons de découvrir l’un des artistes qui performera lors de l’inauguration du festival, Lucas Paris. Il a eu la gentillesse de répondre à nos questions afin d’en apprendre davantage sur son parcours et sur son univers musical.

 

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ?

Depuis plus de 15 ans je suis passionné de musique électronique. Non seulement de l’esthétique autour de cette musique mais aussi de la lutherie numérique, de l’ingénierie qui la nourrit et des connexions interdisciplinaires qu’elle engendre.

J’ai la chance d’explorer cette passion entre deux continents, je vis entre l’Europe et le Canada. D’origine, je suis Français, mais je vis et j’étudie à Montréal depuis 8 ans et me considère comme un enfant de la scène artistique montréalaise. C’est dans cet environnement que je me suis épanoui sur le plan créatif. Et c’est grâce à la riche communauté de cette ville en art numérique et en musique électronique expérimentale que j’ai pu développer ma démarche artistique.

 

 

D’où vous vient cette passion ?

Mes parents sont musiciens et m’ont donc sûrement transmis la passion de la musique. Mais le côté ingénierie et DIY de ma pratique vient de l’internet, des tutoriels, des logiciels libres et du mouvement maker. Quand je me suis pris de passion au milieu des années 2000, j’habitais alors dans un petit village du sud de la France et il n’y avait personne avec qui partager cette passion de fabrication.

Aujourd’hui encore, cette source infinie de techniques et de savoir m’inspire.

 

Lucas-Paris_ZagrebDeviceArt_Jan2019_credit-Samir-Ceric-Kovacevic

 

Comment définiriez-vous votre univers ?

C’est un univers qui oscille entre spectaculaire, intense, et parfois oppressant, et une intimité et fragilité très humaine. Je design des contextes audiovisuels avec un potentiel d’intensité, d’immersion et de décharge sonore et lumineuse, mais je contrôle ces systèmes du bout des doigts, sculptant délicatement cette matière plutôt que de la pré-formater « surhumainement » et d’en perdre le contrôle.

Mon esthétique sonore ne peut être catégorisée dans un genre précis, j’explore plutôt l’infini spectre d’esthétiques et de vocabulaires hérités de ces 70 dernières années de musique électronique. J’essaye de combiner et de transformer les genres pour créer une esthétique personnelle et « tentativement » originale.

 

 

Où trouvez-vous votre inspiration ?

Je trouve mon inspiration dans les bricoleurs du web, les technologies et leurs répercussions politique et sociale, dans l’émotion collective contemporaine, la musique, le design graphique, le motion graphics, la sculpture, le light art, l’art contemporain, la danse…

 

 

Comment se passe votre processus de création ?

Pour chaque projet, je construis et je mets en place un environnement de création en partant de zéro, avec des technologies fabriquées sur mesure, autant au niveau logiciel que mécanique ou électronique. Il s’agit de construire un instrument, et d’infuser à même son design des concepts, des esthétiques…

 

Lucas-Paris_Mirage_credit-MarionBornaz

C’est une opportunité de s’exprimer à tous les niveaux d’une création et par tout ce qui contribue à l’œuvre, de manière obsessive, et de se libérer des choix esthétiques et des idiomes des logiciels de création commerciaux. Le design des outils que l’on utilise informe les résultats artistiques et dicte ce qu’il est possible de créer. En concevant ses propres outils, on se libère et c’est une occasion de découvrir de nouvelles manières de faire.

Les outils que je développe visent à renforcer le lien entre son et visuel, ils me permettent de créer des réseaux algorithmiques de signaux qui génèrent à la fois son et image. Les mêmes signaux mathématiques sont transformés en son et en image. Il n’y a pas de hiérarchie entre la vision et l’audition, les deux se mélangent et on découvre toute une richesse subtile dans la combinaison de ces sens. Je développe le son et le visuel en même temps, constamment en aller/retour entre les deux. Ils sont tellement reliés que, parfois, pour changer un aspect du visuel, les paramètres devant être modifiés sont dans le son.

 

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre performance AntiVolume IN/EXT, que vous présenterez dans quelques jours, lors de l’inauguration du festival Maintenant ?

Antivolume IN/EXT est une performance de son et de lumière. Quatre colonnes de lumières DEL sont au centre de l’espace et le public est tout autour, à 360 degrés. La lumière et le son se promènent entre les colonnes, dans l’architecture de la salle de concert et dans le public, comme une énergie immatérielle et volatile. Je suis au centre et je sculpte et guide délicatement cette matière. Le public est proche de la lumière et est enveloppé par le son. Par rapport à un concert traditionnel, avec une scène frontale, c’est une expérience originale, physique et texturale.

 

Lucas-Paris_Mapping-Festival-2018_credit-pecorini-net

 

Êtes-vous adepte de supports musicaux physiques comme le vinyle ?

Non malheureusement, je suis tout numérique…

 

 

Quels sont vos albums favoris ?

En ce moment, parmi d’autres : Ecstatic Computation de Caterina Barbieri, Utility de Barker, Age Of de Oneohtrix Point Never, Applied Autonomy de Robert Lippok, Bonito Generation de Kero Kero Bonito, Oil of every pearl’s un-insides de Sophie, C de Yona, Thirst de Xavier Stone…

 

 

Merci pour cette interview 🙂